McGonagall s’étira lentement sur son fauteuil. Elle se frotta machinalement les yeux cherchant à rester éveillée. Si elle avait gardé sur son visage les traits de sa fermeté et de sa sagesse immortelle, la vieillesse venait s’étirer sur sa peau, déformant sa santé, et réduisant son courage. Elle jeta un bref regard à sa gauche, observant avec la grâce qui lui était connue, les portraits de ses prédécesseurs, Albus Dumbledore, et Severus Rogue, qui dormaient paisiblement au creux de leur cadre. Elle aurait dû s’endormir elle aussi, pour son bien-être, mais il restait des affaires urgentes à finir.  Bien que consciente d’avoir fait son temps et d’avoir tout donné à cette école et malgré ses yeux fatigués, elle ne pouvait se résoudre à laisser son fauteuil sans avoir fini ce nouveau projet. Après avoir observé des générations et des générations de sorciers se jeter dans le monde magique sitôt leurs dix-sept ans passés et leurs ASPICs en poche, elle se mit en tête de parfaire l’enseignement de la jeunesse et de les guider avec plus de précision dans leur choix de métier. A l’autre bout du parc du château, de l’autre côté du lac noir, dans la plus grande discrétion, Minerva voua ses dernières années à faire construire une nouvelle annexe du château qui accueillerait un jour sous ses plafonds vertigineux une université prête à rentrer dans la légende. Accueillant tous les étudiants préférant se perfectionner avant de rentrer dans le monde du travail, elle formerait à tous les métiers, des plus difficiles nécessitant des années de pratique, aux plus intuitifs pouvant néanmoins bénéficier d’un peu plus de connaissances, pour le plaisir au moins. L’automne prochain tout devait être prêt. Tout devrait être achevé, et elle ferait de sa dernière année, l’année la plus mémorable de l’histoire de Poudlard. On ouvrirait les portes de la première université de magie. On chanterait en l’honneur de nos champions, on annoncerait quelque chose de nouveau, quelque chose de grand. Enfin à l’automne, on lancerait une année si spectaculaire que l’on pourrait oublier la dernière guerre, le chagrin qu’il nous en reste, et ce sentiment étrange de calme insupportable qui règne partout, infestant les murs depuis trop longtemps. Depuis quatorze ans. A l’automne, enfin, Poudlard resplendirait.

Minerva finit d’écrire ses lettres urgentes, et les tendant aux hiboux qui venaient de franchir la fenêtre, elle scella l’avenir, se transformant en chat et filant dans ses appartements.






Tout était encore calme, les grandes tables dressées mais vides attendaient patiemment la venue des élèves. Après deux mois d’été, après quatorze ans de paix parfaite et sans aucune ombre, Poudlard se préparait à une rentrée un peu particulière. McGonagall faisait les cent pas dans la Grande salle, ressassant son discours de bienvenue, s’apprêtant à accueillir en plus des nouvelles première année, tous les sorciers s’étant inscrits à l’université. Les professeurs commencèrent à envahir la salle et à discuter autour de la directrice, qui ne faisait attention à rien. A rien, mise à part la grande porte encore rabattue qui ne tarderait pas à s’ouvrir. La Grande salle était plus sublime que jamais, décorée des couleurs des quatre maisons, et resplendissante de toute sa splendeur. On en venait à oublier que quatorze ans plus tôt elle avait été presque entièrement mise à sac par la plus impressionnante bataille sorcière qui avait failli réduire Poudlard à néant. Mais comme il n'avait fallu qu'une poignée de seconde pour que le calme ne revienne, et que la paix frôle ces murs sacrés à nouveau, le temps avait fait son effet sur les vieilles pierres et les avait ressuscitées avec cette même idée de grandeur.
Un grondement sourd raisonna dans les escaliers et avertit les professeurs que les élèves arrivaient. Rusard ouvrit les portes de la Grande salle, et un flot de têtes connues défilèrent jusqu’à leurs tables respectives sous le regard bienveillant des professeurs. Une fois que tous les élèves de Poudlard furent installés, le brouhaha monta sous le plafond magique de la Grande salle venant chatouiller les bougies. Le pas lourd d’Hagrid se fit entendre, amenant avec lui, les première année. On procéda à la répartition. Et une fois que toutes les petites têtes furent installées sur les bancs de leur maison, la directrice se leva et fit sonner sa voix.

« Avant de commencer le festin je voudrais une minute d’attention. Aujourd’hui je suis particulièrement fière de vous accueillir dans cette école, qui sera à partir d’aujourd’hui mes chers première année, votre maison. Je suis aussi extrêmement heureuse d’ouvrir cette année les portes de l’université qui accueillera tous les sorciers majeurs souhaitant continuer  leurs études magiques et se perfectionner dans tel ou tel art. Nous vous les présentons, je vous prie d’accueillir bien fort, notre première promotion d’étudiants. Ils ont fait partie de vos maisons, ils en feront toujours partie, et c’est un grand honneur d’accueillir avec eux, des étudiants étrangers qui vont être répartis, s’ils le veulent bien, dans leur nouvelle maison. »

Le choixpeau entonna son nouveau chant prévu pour l’occasion, et certains élèves remarquèrent avec admiration que cette année le choixpeau s’était décarcassé pour inventer non pas une, mais deux chansons, et qu’il aurait probablement besoin de vacances après cela. Les étudiants étrangers furent répartis et le buffet apparu sur les tables sous un mot simple de la directrice. Les yeux ébahis et les mains avides se ruèrent sur le festin qui avait été préparé. Tout le monde mangea à sa faim et plus encore.